Le virus de la tomate

Virus de la tomate  nom de code : ToBRFV (virus du fruit rugueux brun de la tomate)

[…] L’Anses alerte sur le risque de propagation du virus de la tomate par les jardiniers du dimanche. […]


Je vais commencé cet article (une fois n’est pas coutume) par des citations afin de mieux comprendre l’histoire de ce virus, les symptômes, les risques, la dangerosité et les recommandations officielles. (vous pourrez en savoir plus en suivant les liens)


  • […] Observé pour la première fois en Israël en 2014, puis en 2018 sur des cultures de tomates au Mexique, aux Etats-Unis, en Allemagne et en Italie, et enfin en 2019 aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Grèce, et enfin en France en février 2020, le Tomato Brown Rugose Fruit Virus (ToBRFV) détruit les cellules de la tomate et peut décimer jusqu’à 100 % des plants contaminés sur un site de production. »
  • « Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a confirmé, le 17 février au soir, la contamination de tomates en serre par le virus ToBRFV dans une exploitation du Finistère. » « Cette exploitation a été confinée dans l’attente de la destruction des végétaux et de la désinfection du site. Ce virus détecté pour la première fois en France n’a pas d’impact sur l’homme. »
  • « Une enquête de traçabilité européenne sur les plants est en cours. Ces plants proviennent du Royaume-Uni, et sont eux-mêmes issus de semences produites aux Pays-Bas. »
  • « L’exploitation touchée est spécialisée dans la production de tomates sous serre (12 000 m2). Ses 2 serres comprennent respectivement 22 000 et 23 000 plants. Selon l’ANSES, le virus peut infecter jusqu’à 100% des plantes sur un site de production, ce qui le rend redoutable pour les cultures à haute densité de plantation comme les cultures sous serre. […]
  • […] Au-delà du foyer dans le Finistère, l’ensemble du territoire français reste à ce stade indemne du virus.
  • Des contrôles sont effectués dans les exploitations ayant reçu des plants provenant du même lot que les plants contaminés. Trois exploitations ont d’ores et déjà été identifiées comme ayant reçu le même matériel végétal et ont fait l’objet d’inspection et de prélèvements. »
  • « Quels sont les règles à respecter pour éviter la propagation du virus ?
  • Le virus pouvant se disséminer facilement par simple contact (mains, vêtements, outils, etc.), le respect strict de règles de prévention est impératif, par tous les acteurs : professionnels, inspecteurs des services de l’Etat en charge de la surveillance du territoire, particuliers, journalistes… Les principales sont les suivantes :
  1. entrer dans les cultures en portant uniquement des vêtements neufs/non utilisés car les vêtements réutilisés peuvent avoir été contaminés en consommant des tomates dans un cadre contaminées ; privilégier de préférence des vêtements de protection tels que des blouses ou des combinaisons qui doivent rester à l’intérieur des serres après utilisation.
  2. désinfecter : les mains avant et après la manipulation des plantes ; les chaussures de travail ou les bottes avant l’entrée et la sortie de la serre ; les chariots de transport, de pulvérisation et tous les autres objets en mouvement qui entrent en contact avec la culture ; les outils de travail (sécateur, …) idéalement après avoir travaillé sur chaque plante avec des substances à base d’acide benzoïque par exemple autorisé pour la désinfection des locaux et des structures en respectant les recommandations d’application et dont l’efficacité contre les virus et viroïdes a été démontrée ; les serres en fin de culture. »
  • « Ce virus « peut se transmettre par les semences, les plants et les fruits infectés, ainsi que par simple contact, survivre longtemps sans perdre son pouvoir infectieux, et aucun traitement ou aucune variété résistante n’existe aujourd’hui », prévient l’Agence. D’où la nécessité de le repérer rapidement. Il faudra donc avoir l’œil non seulement sur les serres, mais aussi sur les potagers des jardiniers amateurs. En effet, la production des particuliers n’est pas loin d’égaler en France celle des professionnels.1 » […]
  • Concernant les particuliers ,  [’Anses] pointe le risque d’introduction du ToBRFV via les jardineries qui s’approvisionnent à l’étranger, et via le marché des semences achetées sur Internet, souvent originaires d’autres pays. 2 […]

1 Si la production des particuliers peut égaler celle des professionnels, c’est peut-être par le nombre de plants ou bien le volume de récolte mais surement pas par les méthodes de culture qui diffèrent totalement. Quel est le but de cette phrase qui vient on contradiction totale avec les observations sur le terrain ?

2 Ceci ne concerne pas les semences de variétés anciennes proposées chez les petits semenciers français.

Le Vendredi 21 février 2020, on pouvait lire encore :

  • En juillet 2019, l’Allemagne a éradiqué […] (ToBRFV) apparu neuf mois plus tôt sur son territoire. Un succès dû à la chance et à des protocoles d’hygiène draconiens.
  • « […] C’est à l’automne 2018 que le premier cas […] (ToBRFV) a été confirmé dans la région du Bas-Rhin, frontalière avec les Pays-Bas. « Dans cette région il y a un groupe de treize gros producteurs de tomates sous serre. […]. »
  • « Finalement, ce n’est pas une mais sept exploitations de tomate sous serre sur substrat minéral qui ont été contaminées au ToBRFV. […] la ferme d’où, […] est partie la contamination comptait 2 à 3 ha de tomates 3 et a perdu 80 % de sa production. Les six autres fermes ont perdu 10 à 30 % de leurs volumes de fruits. En tout, une vingtaine d’hectares de serres ont souffert »

3 Nous sommes chaque fois dans des modèles à très haute densité de culture hors sol, de même que dans les serres espagnoles d’Almeria. Les Tomates cultivées sont à quelques très rares exceptions des hybrides F1 (les tomates rondes et rouges que vous trouvez toute l’année dans les supermarchés et dont les graines sont « stériles »)

  • Et en Espagne :
  • […] Le gouvernement andalou ne peut pas encore confirmer la détection [du virus], car il attend la réponse de Bruxelles […] ce virus a le statut de quarantaine, […]
  • Pour le moment, la serre d’Almeria est isolée et toutes les plantations contaminées ont été traitées conformément aux protocoles établis pour ce genre de situations. « Tous les risques ont été minimisés pour assurer la protection des exploitations voisines »,
  • Le virus est inoffensif pour l’homme et les animaux, mais peut causer de graves dommages aux cultures. […]
  • En l’absence de vaccin ou de variétés résistantes pour lutter contre le ToBRFV, celui-ci doit être éradiqué par un nettoyage en profondeur des serres. « La biosécurité est notre principale défense et la prévention est la clé.4 » C’est la pensée générale et la raison pour laquelle de nombreuses serres sont actuellement fermées aux visiteurs. […]
  • Les cultures les plus touchées par le ToBRFV […] sont les tomates et les poivrons. Chez la tomate, il provoque une chlorose, une mosaïque et des taches avec un rétrécissement des feuilles. Parfois, des taches nécrotiques apparaissent sur les tiges, les calices et les feuilles. Des taches jaunes ou brunes peuvent aussi apparaître sur les fruits, ainsi qu’une rugosité rendant leur commercialisation impossible. Les fruits peuvent également souffrir de malformations et d’irrégularités dans la maturation.
  • Date de publication: lun. 2 déc. 2019 FreshPlaza.fr / Contact

4  pas de variétés résistantes ? Nous verrons car ensemble nous pourrons faire le point à fin de la saison.

Voici ce que l’on pouvait lire en février sur le site officiel du gouvernement :

Virus de la tomate ToBRFV : recommandations pour les jardiniers amateurs, les jardineries et les producteurs

● […] Le ToBRFV est un virus dangereux pour les plantes potagères, en particulier les tomates, les poivrons et les piments. Ce virus a été trouvé pour la première fois en Europe en 2018 […] pour la première fois en France en février 2020 dans des serres du Finistère. La dangerosité du virus vient de sa facilité de transmission : un simple contact par les mains, les vêtements, les outils, les insectes ou tout autre support contaminé transmet la maladie à la plante. Ce virus ne se transmet pas à l’homme et n’est en aucun cas dangereux pour la santé […]

● Comment identifier les symptômes du virus. Ce virus occasionne des décolorations et des déformations des feuilles et des fruits qui deviennent impropres à la commercialisation. En cas de doute sur des symptômes, vous pouvez demander l’avis de votre jardinerie, en envoyant une photo. Ne pas transporter de plant, de feuille ou de fruit dans la jardinerie. […]● Les bons réflexes à avoir :

✔ Privilégiez vos achats de plants en France. Vendus par internet, ils doivent être accompagnés d’un passeport phytosanitaire.

✔ Le lavage des mains est recommandé avant et après avoir jardiné.

✔ Désinfectez vos outils et matériels avec un produit virucide, après chaque utilisation.

✔ […] ✔ En cas de doute, ne déplacez pas les végétaux au risque d’en contaminer d’autres.

Extrait du pdf du MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION – FÉVRIER 2020

Source : https://agriculture.gouv.fr/virus-de-la-tomate-tobrfv-recommandations-pour-les-jardiniers-amateurs-les-jardineries-et-les

Sans commentaire !

Epilogue ?

  • BFM TV le 3 avril 2020 : « Le virus de la tomate a disparu de France« 
  • Le virus de la tomate, qui avait contaminé quatre plantations françaises dans le Finistère, et qui faisait très peur à la filière agricole, a finalement été contenu en France. […]
  • […] Pour [ André Bernard de la chambre d’Agriculture du Paca ], le risque [ potentiel ] vient tout particulièrement des plants achetés par les particuliers pour leur jardin, qui ne font l’objet d’aucun contrôle.

Voilà, maintenant on connaît un peu mieux notre, (ou nos) « ennemi’s ».


En conclusion qu’en est-il de ce risque pour les potagers amateurs ?

 
Au passage, je me souviens de la grippe aviaire avec ses cordons de police autour des élevages intensifs déclarés contaminés. Je revois encore les ministres descendre de leur voiture en bottes et pataugeant dans un pédiluve de désinfectant. À cette époque les autorités imposaient de couvrir les basse-cours familiales susceptibles d’être contaminées par des fientes d’oiseaux sauvages passant juste au-dessus. En réalité qu’est-il advenu ? Des milliers de volailles ont été abattues sur l’Hôtel de la suspicion et les amateurs ont continué leur petit élevage avec ou sans couverture (malgré quelques dénonciations de voisinage) sans aucune contamination notable.

Il semble que les virus pathogènes soient friands des hérésies humaines. Élevage en batterie, monoculture, culture intensive sous serre, mal-bouffe des plantes et des humains, confinement, et pour en revenir à notre actualité concentration humaine et ville tentaculaire.

Alors évidemment notre petit virus de la tomate ayant vu le jour médiatique en même temps que le Covid 19, il est passé aux oubliettes.
Pour autant j’ai été questionné lors de mes salons de printemps par des clients inquiets, c’est pourquoi je tenais à vous faire ce retour.

Évidemment j’en vois venir certains me disant que je ne suis pas épidémiologistes ! C’est vrai  leur répondrai-je. J’allais justement le dire.
Par contre je connais bien les plantes et particulièrement les variétés anciennes et leur capacité de résistance dans un environnement naturel ou agro écologique. (à suivre un prochain article sur la chrysomèle de la racine du maïs).

Alors voici mon avis que peut-être vous devinez déjà. Il apparaît qu’alors que les seuls cas déclarés du virus de la tomate sont apparus dans des exploitations intensives et en serre, qui plus est en hors sol et hors saison avec des plantes hybrides F1, cette mise en garde médiatique (organisée ?) faite aux amateurs me semble n’être que pure spéculation. Dans quel but ? En tout cas quelques personnes semblaient avoir peur de se lancer dans une plantation qui paraissait vouée à l’échec !

Considérons alors que ce virus peut atterrir dans votre potager via des plants de tomates achetés en jardinerie, fuyez donc une fois pour toutes ces magasins dont les plants sont le plus souvent issus de culture en très grande quantité réalisée à partir d’un semi très précoce en serre chauffée dans des substrats non bio et avec 90 % de plants moderne F1.


Faites vos semis à partir de variétés anciennes ou bien achetez vos plants à de petits producteurs locaux. Cultivez en agro-écologie. N’arrosez pas ou peu vos pieds de tomates et d’après moi tout se passera comme d’habitude.

Merci d’avoir lu jusqu’au bout ce long article. On fera le bilan en automne.

N’hésitez pas à me soumettre vos avis, remarques ou constatations !

Bruno Morandeau